« Vous êtes enceinte félicitations Mademoiselle. » Je restai quelques secondes silencieuse assise sur cette chaise, l'atmosphère était devenue plus lourde, ça aurait pu être le plus beau jour de ma vie mais avec Gaël tout était devenu si compliqué, si douloureux. Je l'aimais oui comme une folle mais je n'en pouvais plus des disputes, des cris, des pleurs et je ne voulais pas ça pour notre enfant aussi mais il fallait que je lui dise, peut-être que notre amour était plus fort que tout que cet enfant calmerait les choses qu'il pourrait de nouveau nous réunir. Mais comment lui dire ? Que j'attends un enfant de lui et qu'il doit changer pour nous deux et aussi pour lui, pour qu'il arrête de souffrir parce que ce n'est pas une vie ni pour lui, ni pour moi, ni pour notre enfant. Je rentrai à la maison en silence, il était là, un livre dans les mains en train de lire. Et puis bêtement j'avais oublié de faire deux trois courses pour le soir et de lui reprendre du lait je savais qu'il allait le prendre mal c'était un peu une drogue pour lui, je grimaçai alors mais décidai de prendre ça avec le sourire
« J'ai oublié de faire deux trois courses ce soir désolée. Mais il nous reste encore des œufs et je t'achèterai du lait demain.» Je le regarde avec un sourire mais lui ferma les yeux et serrant sa mâchoire, il les rouvrit en me fixant et souffla.
« C'est trop te demander de te rappeler d'un truc aussi minime... Bon sang c'est dingue d'avoir une si petite tête. C'est pas comme si je te demandais de te souvenir d'un code à 25 chiffres merde ! » Je soupirai longuement, encore une dispute, des cris, des paroles blessantes des deux cotés et je finissais par lui crier ce que j'avais au fond de moi.
« Je suis enceinte Gaël » Sa colère était retombée aussi vite qu'elle était montée. Il se retournait vers moi, la mine déconfite.
« Et tu me dis ça... comme ça » Des larmes coulaient le long de mes joues.
« Et tu voulais que je te le dise comment ? Entre deux disputes ? Je viens de l'apprendre c'est pour ça que je n'ai pas fait ces putains de courses. » « Tu ne dois pas le garder Lex' » Je ne savais pas si j'avais bien entendu j'espérais que non, je sentais mes jambes devenir comme du coton, ma respiration prendre de plus en plus d'ampleur, mes mains trembler doucement.
« Il sera comme moi ! Fou, tu entends ? Fou ! Il te fera vivre l'enfer que je fais vivre à tout le monde ! Tu ne le supporteras pas ! » Je ne savais plus quoi dire, je prenais place sur le sofa les mains dans mes cheveux, je n'arrivais pas à y croire, il me demandait d'avorter.
« Tu te rend compte de ce que tu me demandes la ? D'avorter mais c'est quoi qui tourne pas rond dans ta tête ? Comment je vais vivre avec le fait que j'ai tué un être, oui parce que c'est un être, il fait partie de moi et il devrait faire partie de ta vie aussi. Tu n'en as donc rien à faire ? C'est quoi pour toi, une simple formalité ? Je n'avorterai pas, tu m'entends ? Jamais.» « Tu fais quoi la ? Lex ? Tu t'en vas ? Tu ne me supporte déjà plus, comment comptes-tu supporter l'enfant ? » Je me levai rapidement me dirigeai vers la chambre, je fis une valise, quelques affaires à moi.
« C'est vraiment ça que tu veux ? Tu ne me reverras plus, ni moi ni cet enfant dont tu te fous complètement. » Je me dirigeai maintenant en larmes vers la porte, un dernier regard sur celui qui fût le rayon de soleil de ses cinq dernières années.
Dix-sept ans premier petit travail, je cherchais depuis pas mal de temps, un job d'étudiant pour payer mes études supérieurs. J'étais donc la en train de regarder le journal dans les petites annonces quand j'ai remarqué presque aussitôt l'annonce pour une baby-sitter pour garder une enfant de 7 ans, je me suis dit pourquoi pas, j'aimais bien les enfants et c'était juste pour le soir et les mercredis cela allait parfaitement avec mes cours. Quelques jours après avoir appelé, je me préparais pour l'entretien d'embauche je n'étais pas vraiment stressé. Je sonnai donc à la porte d'une charmante petite maison dans un quartier plutôt calme de Miami, une femme m'accueillit et j'entrais a présent dans le salon. Après 20 minutes de questions, elle me donna finalement la place et je fis la connaissance de la petite Dylan, un grand sourire malgré une grande timidité d'enfant. Elle me fit visiter la maison avec plaisir surtout quand nous arrivions à sa chambre.
« En voilà une belle petite chambre de princesse » Je me souvenais moi-même de ma chambre, on n'avait pas les moyens mais j'avais du papier peint rose, légèrement abimé par le temps et quelques jouets, je me prenais pour une princesse étant petite et je m'imaginais grande dans les bras d'un prince qui m’emmènerait dans son magnifique château. Devoirs, promenades, dessins animés, rires et parfois quelques larmes pour Dylan deux années, deux longues années et je m'y était attaché à cette gamine mais, tout avais une fin, la mère de Dylan avait décidé qu'il était temps qu'elle change de nourrice, je n'ai pas eu mon mot à dire et c'est le cœur lourd que j'ai dû dire au revoir à ma petite Sourire comme je l'appelais souvent.
Dix-neuf ans j'étais la dans sa chambre assise sur son lit, elle contre moi, elle se doutait certainement de quelque chose, son regard triste en disait long et surement le mien aussi.
« Tu sais, je serais toujours là, regarde » Je touchais mon coeur avec ma main et la fixait dans les yeux et lui fit toucher le sien avec sa main.
« On sera présente toutes les deux, ici dans nos coeurs tu comprends ?» Je la regardais toujours les yeux, ses petits yeux verts.
« Tu vas me laisser toute seule alors ? Pourquoi tu ne restes pas avec moi ?» Je n'ai pas pu m'empêcher de verser une larme mais, je devais me reprendre, pour elle.
« Écoutes moi, donnes moi ton journal intime je vais écrire mon numéro dessus comme ça si un jour tu veux me parler tu sauras ou me joindre » Je lui fis un sourire et la prenais dans mes bras pour un dernier petit câlin.
Je parcourais le long couloir du centre pour enfants où je travaillais depuis à peine un mois, saturé par l'odeur du désinfectant et des effluves des cuisines de l'hôpital. Il était treize heures et je devais faire un soin d'urgence sur Louna, une enfant qui était là depuis à peine une semaine, elle ne parlait pas, elle n'était pas muette, seulement détruite par la vie... si jeune. J'arrivai donc à sa porte lentement pour ne pas lui faire peur.
« Bonjour Louna, tu te souviens de moi ? Je t'ai changé ton pansement hier » Elle me fixe mais, ne me répond pas comme je m'y attendais, je rapproche d'elle doucement et prépare le matériel en lui expliquant comme la veille. Petite surprise du jour je lui avais apporté de quoi faire des bulles de savon.
« Je te change ton pansement et après je te montre comment on fait des bulles d'accord ? » Elle me sourit tendrement mais, ne répond toujours rien. Je désinfectai sa plaie doucement en faisant attention de ne pas le faire mal et remis un pansement tout propre une fois fait je pris le tube de savon et l'ouvris, je pris la baguette terminée par un cercle et je soufflai dedans, une cascade de bulles s'envola puis je lui tendis la baguette et le tube.
« A toi » elle m'adressa un sourire mais, restait immobile,
« Allez vas-y essaie » son sourire devenait plus grand, elle prit alors la baguette et souffla dedans doucement émerveillée. Je lui souriais.
« Je te le donne, mais attention c'est un secret entre toi et moi, je reviendrais te voir demain Louna » Un dernier sourire partagé et je sortais de sa chambre assez satisfaite. J'aimais bien mon travail il m'apportait beaucoup de bonheur malgré les coups durs parfois et ça me permettait de mettre Gabriel a la garderie et réussir au mieux a boucler les fins de mois. Ce n'était jamais évident d'être mère célibataire, mais j'étais forte, et prête a beaucoup de choses pour me battre.